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Lunel-Viel

 

Du paléolithique aux temps modernes

 

La présence humaine est attestée sur le terroir dès le paléolithique à la grotte du Mas des Caves. Lunel-Viel bénéficie du privilège d’être le plus ancien village du Lunellois et l’un des plus anciens de la région. Son nom le dit bien, Lunel-Viel gallo-romain est l’ancien Lunel, dont l’actuelle ville a repris le vocable lors de sa création au Moyen Age.

Les plus importants vestiges datent du Ier siècle de notre ère, lorsque sous l’Empire romain la région connut un développement démographique et économique. A Lunel-Viel, dont le nom Lunellum provient peut-être d’un terme gaulois qui évoque un milieu marécageux, une agglomération se développe au carrefour de voies commerciales desservant le littoral, au sud de la célèbre voie Domitienne qui elle traverse les collines.

Le village médiéval s'organise ensuite autour de son église Saint-Vincent. Un château est bâti au XVIème ou XVIIème siècle par les Trémollet, seigneurs du village jusqu'à la Révolution. Cette belle demeure, chantée par le félibre Antoine Roux, abrite aujourd'hui l'Hôtel de Ville.

 

 


 

 

Grotte préhistorique du mas des Caves

 

Le plus ancien fleuron du patrimoine lunellois est aussi le plus mystérieux : il s’agit des vestiges laissés par les animaux et les hommes du Tombe de la grotte préhistorique du Mas des Cavespaléolithique dans la grotte du Mas des Caves. Un kilomètre au nord-ouest du village en direction de Saint-Geniès, la grotte s’ouvre dans un coteau célébré aussi pour le muscat qu’il produit. Les hommes de Néanderthal furent les premiers occupants des lieux où ils s’établirent il y a 500 000 ans, laissant autour de leur campement les reliefs de leurs chasses, ossements de cervidés principalement, ainsi que leurs outils taillés dans des galets de silex. Depuis sa première exploration en 1824, la grotte a donné lieu à de nombreuses découvertes concernant la vie de ces ancêtres d’homo sapiens, devenant l’un des plus prestigieux gisements préhistoriques d’Europe. Comptant parmi les plus anciens témoignages d’habitat humain, ces vestiges dorment au fond de la grotte, attendant qu’un jour prochain peut-être une mise en valeur permette au public de prendre connaissance de ce trésor.

 

 


 

 

L'agglomération gallo-romaine

 

Des édifices publics témoignent de la fonction administrative et commerçante du Lunel de l’époque, l’actuel Lunel-Viel. De grands thermes furent construits vers les années 70 après J.-C., dont subsistent les fondations que l'on peut visiter près de l’école maternelle de la rue des Thermes. Autour du carrefour et de la place centrale se développaient un second ensemble thermal ainsi que des maisons, dont la modestie ou au contraire le confort, témoignent du rang social de leurs occupants. Dans les dépotoirs attenants à ces quartiers, plusieurs dizaines de milliers de fragments de poteries et les ustensiles les plus divers ont permis de reconstituer le cadre de vie d’une population aisée qui consommait des produits provenant de l’ensemble du monde romain.

Reconstitution d'une maison gallo-romaine

L’habitat resta prospère durant toute l’Antiquité et même au delà de la chute de l’Empire. Près de 700 sépultures fouillées dans les trois nécropoles mises au jour, révèlent une population stable jusqu’au début du Moyen Age, malgré les mutations introduites par la domination wisigothique puis franque, du Vème au VIII ème s.

Le village médiéval s'est établi progressivement dans les ruines d’un ancien quartier gallo-romain autour de l’église Saint-Vincent, édifice dont l’origine remonte probablement au 6ème siècle. Au XIème siècle Lunel-Viel, comme les villages de plus fraîche création, entre dans la dépendance de la seigneurie de Lunel qui lui a ravi son nom et son ancienne prééminence politique.

Le village ne montre rien de son passé médiéval, les démolitions et reconstructions successives ayant fait disparaître l’ancien cadre de vie. Dans ce village où les plus anciennes demeures datent du XVIIème siècle, seules les fouilles et l’observation patiente des anciens murs parfois révélés par des ravalements, permettent de reconstituer les maisons médiévales. Exploré durant plus de quinze ans par une équipe d’archéologues, l’habitat antique et médiéval de Lunel-Viel a livré de très nombreuses informations retraçant les péripéties de l’histoire régionale. Si la plupart de ces vestiges ont dû être détruits pour faire place à de nouvelles constructions, les fouilles préventives ont permis de constituer d’importantes collections présentées dans plusieurs expositions au niveau national mais restant pour l’essentiel dans les réserves archéologiques, dans l'attente qu’un lieu leur soit ouvert pour une mise en valeur.

 

 

 

 


 

 

Eglise Saint-Vincent

 

L'église de Lunel-Viel (cliché Cl. Raynaud)Plusieurs fois rasée durant les Guerres de Religion, l’église de Lunel-Viel conserve peu de choses de ses origines médiévales, l’essentiel de l’édifice ayant été rebâti au milieu du XVIIème siècle sans grand effort architectural. Seul vestige médiéval, le clocher occupe une puissante tour défensive portant une inscription qui situe sa construction au début du XVème siècle, dans le contexte troublé de la fin de la Guerre de Cent Ans. La visite du clocher permet d’apprécier la puissance de la construction, aux murs de plus d’un mètre d'épaisseur, et d’observer les archères dans les salles voûtées du rez-de-chaussée et de l’étage.

Autour de l’église se développa le premier cimetière paroissial où les fouilles ont révélé la présence de sarcophages dès le 6ème siècle (ces sarcophages sont visibles près des vestiges des thermes romains). Dans le cimetière, un puits bâti au XIème siècle a été mis au jour et reste visible au pied du clocher, sa margelle ayant été restaurée lors de l’aménagement des abords.

 

 


 

 

Le château- Hôtel de Ville

 

Aucun texte ni aucun vestige ne témoigne de la présence d’un château à Lunel-Viel au cours du Moyen Age, le village restant alors sous la protection du château de Lunel et trouvant son seul élément défensif dans la tour de l’église. L’actuel château date du XVIIème siècle dans sa partie la plus ancienne, en particulier le grand escalier de style Louis XIII desservant les actuels services de la mairie qui occupe le bâtiment depuis la fin du XXème siècle. Agrandi au XVIIIème siècle, le corps principal conserve d’importants éléments de décor classique, dont une belle série de cheminées à carreaux de faïence, récemment mise à l’honneur par une exposition. Bâti par la famille de Trémollet, seigneur du lieu aux XVII et XVIIIème siècles, le château fut vendu à la veille de la Révolution au sieur Durand, maire de Montpellier, conventionnel qui acheva sa carrière sur l’échafaud en 1794.

Le château connut d’importantes transformations dans la seconde moitié du XIXème siècle, sous l’impulsion de son propriétaire Paul Manse, avocat fortuné. Une nouvelle aile fût alors réalisée, fermant le plan carré connu aujourd’hui, tandis que la disposition interne évolua, avec en particulier l’aménagement d’une chapelle qui a conservé son décor néo-gothique. Les travaux furent plus sensibles encore à l’extérieur avec la construction d’un faux donjon dans le style gothique en vogue après les grandes restaurations de Viollet-le-Duc. Dans le vaste parc, en 1876 fut bâtie une grande orangeraie de style Napoléon III, remarquable par sa couverture d’ardoise en écaille et par son décor sculpté, qui lui ont valu son classement au titre de Monument Historique. Si les orangers ont déserté les lieux, après d’importants travaux de restauration le bâtiment offre désormais son cadre prestigieux aux réceptions et aux expositions municipales.

 

 


 

 

Le félibre Antoine Roux (1842-1915)

 

Portait et poème du félibre Antoine Roux (coll. J.-L. Girard)

 

L'anciennne Grand'Rue, principale rue du centre ancien de Lunel-Viel, porte le nom d'Antoine Roux. Fils d'un maréchal-ferrant, Antoine Roux devint vétérinaire et resta étroitement lié au monde agricole lunellois. Poète dès ses jeunes années, d'abord innfluencé par Lamartine, il s'enflamme à la lecture de Mireio, l'œuvre de Mistral éveillant sa passion pour la langue provençale dans laquelle il composa de nombreux poèmes d'inspiration bucolique exaltant l'amour du terroir, ainsi que des pièces de théatre. Ses ouvrages majeurs restent deux recueils de poésies d'inspiration villageoise, la cansoun dau Dardailloun et les Pescalunetas.

 

 

La bugadieira (1891)

Ajoucada au bord dau bassin,

Brasses nuses, despetrinada,

A la prima auba dau matin,

Nena bacela sa bugada.

Darriès, sa maire, lou frount clin,

Drecha sus l’erba de la prada,

Toussis en man lou linge fin

Per estouri la sabounada.

Aquel tablèu es tant poulit

Que dau rajolet lou rouli

Plan-planet dins lous jouncs s’aamaisa.

E ieu qu’ai vougut m’arrestà

Per t’espinchà, jouina bèutat,

Despioi de tus moun cor pantaisa.

La buandière (1891)

Accroupie au bord du bassin,

Bras nus, décolletée,

Aux premières heures du matin,

Nena frappe au battoir sa lessive.

Derrière, sa mère, le front incliné,

Droite sur l’herbe de la prairie,

Tord dans ses mains le linge fin

Pour faire sortir la savonnade.

Ce tableau est si joli

Que du ruisselet le clapotis

Doucement dans les joncs s’apaise.

Et moi qui ai voulu m’arrêter

Pour t’admirer, jeune beauté,

Depuis mon cœur rêve de toi.

 

 

Lou pastre (1906)

Per Causse, en plen ivèr, quand la magistralada

Balota din lou ciel la nèu et lou counglàs,

Din sa capa amagat se ris de la jalada,

E lou vèspre, emb’lavé, countent s’embara au jàs.

Quand revèn louprintemps e que la sourelhada

Fai reverdi la terra et flouri lou bartas,

Mena sous agnèlous din la prima aboucada

E loup astre es urous quand soun assadoulàs.

Desmamat dau païs e lion de sa familha,

Sus lou Causse auturous qu’es courna sa patria

Mestreja soun troupèl que s’aumenta dau crei.

Plantat sus soun bastoun lou vei que s’apastura ,

E, poumpant l’èr tébés de la bèla natura,

Tout soulet, lion dau mounde,

Amount se crei lou Rei.

Le berger

Sur le Causse, en plein hiver, quand le vent fort

Ballote dans le ciel la neige et le verglas,

Enveloppé dans sa cape, il se rit de la gelée,

Et le soir content, avec le troupeau, il s’enferme dans la bergerie.

Quand le printemps revient et que le chaud soleil

Fait reverdir les champs et fleurir les buissons,

Il conduit ses agneaux vers la première herbe

Et le berger est heureux quand ils sont rassasiés.

Eloigné du pays et loin de sa famille,

Sur le Causse élevé qui est comme sa patrie

Il dirige son troupeau qui s’agrandit en croissance.

Debout sur son bâton il le regarde paître,

Et respirant l’air tiède de la belle nature,

Tout seul, loin du monde,

Il est le Roi.