Salagou, Villeneuvette, 10 octobre 2015
Après une journée passée à barboter fin juin dans le lac du Salagou, j’ai eu très envie de quelques explications sur ce décor si particulier. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés une vingtaine autour de Luc David, géologue aux Ecologistes de l’Euzière, ce samedi 10 octobre 2015.
La visite commença boussole en main au fond d’une des criques par les restes volcaniques. La Roque est un neck, vestige de la cheminée d’un ancien volcan. Tout autour, des failles comblées de coulées de lave que l’on pourrait confondre avec des murs bâtis. Selon leurs conditions de refroidissement, l’extérieur de ces murs de basalte est recouvert d’obsidienne. Claude nous a entre autres appris que cette obsidienne a souvent été transformée par l’homme en objets prestigieux, ses interventions nous ont rappelé les liens entre la géologie et l’archéologie.
Luc nous a commenté le panorama, nous avons eu la surprise de découvrir que les sommets de certaines collines que nous prenions pour d’anciens volcans étaient d’anciens sols, un véritable séisme pour nos intuitions.
Nous avons fait une halte à La Lieude. Nous avons enfin eu l’explication sur l’origine de ces fameuses ruffes rouges, sédiments ferrugineux issus d’anciennes chaines de montagnes comparables à l’Himalaya et qui se terminaient dans l’Oural. Après avoir admiré les couleurs et les dessins de Dame Nature, nous avons compris que nous avions devant nous les pages d’un roman qui nous raconte l’histoire du climat, des paysages, de la faune et de la flore. Belles émotions en regardant les magnifiques ondulations fossilisées et les dessiccations de ruffe. L’observation des empreintes de reptiles sous le hangar aménagé en bord de route n’est pas idéale, mais permet de rêver. Ce site a un potentiel scientifique impressionnant.
Les alentours du Salagou regorgent d’endroits remarquables, mais il faut faire des choix. C’est à Mourèze que nous allâmes pique-niquer sous un soleil estival, le thermomètre de ma voiture indiquait 27°, bien trop pour un 10 octobre. L’ombre fut bien sûr recherchée et permit de conserver vins et gâteaux à des températures idéales.
Après le café, courte balade au milieu des impressionnantes mais fragiles dolomies. On marche dans un dédale fantastique, anarchique (des images prises par un drone prouveraient peut-être le contraire). Nous avons eu le plaisir de constater que dans cet environnement original, la végétation prenait des libertés. Les aménagements touristiques invitent à y revenir pour randonner mais questionnent Luc le géologue dont l’honnêteté est contrairement aux dolomies sans failles.
Nous quittons le Salagou, son environnement magique et préservé pour la manufacture royale de Villeneuvette qui n’est qu’à quelques kilomètres. Nous retrouvons Mme Valentini, employée de la mairie de ce hameau. C’est parti pour deux heures de découverte de ce site industriel pour y fabriquer des draps de laine destinés aux marchés orientaux. Les débuts de la manufacture datent du 17ème siècle, élevée au rang de manufacture royale par Colbert, elle produisait des draps colorés de très grande qualité.
Mme Valentini tente de nous résumer cette histoire complexe où se mêlent la politique, l’économie, la technique, l’organisation sociale et les anecdotes des différentes familles qui ont contrôlé avec plus ou moins de bonheur cette manufacture. Les bâtiments sont imposants, le cadre est très agréable mais en attente de solutions administratives, politiques et financières. La restauration est malheureusement lente et l’ensemble manque parfois de cohérence, d’endroits à pénétrer, d’objets et de machines qui raviraient les amateurs de mécanique... Ce site n’a pas été choisi au hasard, l’endroit regorge d’eau, le réseau et son exploitation complexe sont remarquables. Nous terminons la visite par l’église où se mêlent comme je ne l’avais jamais vu la religion et les affaires.
Un rapide coup d’œil à la glacière toujours en bon état nous donne envie d’un rafraîchissement contemporain à la buvette.
Nous quittons Villeneuvette et son étrange atmosphère. Je ne sais toujours pas si nous avons visité un hameau, une usine ou une forteresse, c’est en tout cas un lieu historique propice à de nombreuses réflexions et réfections… à revoir dans quelques années, je pense à Jean-Louis qui l’a visitée alors qu’elle était encore en activité.
Evidemment, votre curiosité ne sera pas satisfaite par ce très succinct compte-rendu, n’hésitez pas à contacter Luc David aux Ecologistes de l’Euzière ou Mme Valentini à la mairie de Villeneuvette, ils disposent à la vente d’ouvrages accessibles et passionnants.
Retrouvez vos sensations à travers les photos de Michel BONNET et Guillaume ANDRE. Merci à eux d’avoir su rendre cette belle lumière et ces couleurs si caractéristiques que nous avons eues toute la journée.
Cordialement, Thierry