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Catalogne 24, 25, 26 octobre 2025

 Enfin le château de Salses. Vu de nombreuses fois de l’autoroute, cette forteresse, placée sur la frontière de l’époque entre l’Espagne et la France a été édifiée sur ordre du roi Ferdinand II d’Aragon en 1497 par l’architecte Francisco Ramiro Lopez. Elle est semi-enterrée, cette astuce permettait de tirer à l’horizontale et de faire plus de victimes pour peu que les assiégeants acceptent de se mettre en fille indienne. Il est intéressant de commencer par ce château car il permet de comprendre les attaques incessantes qu’il y a eu entre la France et l’Espagne (l'Aragon) pour ce Roussillon (ah le mythe de la France éternelle…). Cette forteresse perdra de son importance lors du traité des Pyrénées en 1659, la frontière étant alors déplacée dans la montagne. Elle sera tour à tour, garnison ou prison sous Louis XIV (des innocents de l’affaire des poisons y finiront leurs vies…).

 Malheureusement, le donjon où se trouvent les habitations des gouverneurs est inaccessible pour cause de travaux.

 Le camp de Rivesaltes (ou camp « Joffre », le maréchal étant natif de Rivesaltes) constitue un décor des plus sordides, le grand bâtiment-musée est au centre du camp et littéralement enterré et invisible. Les visiteurs traversent les baraquements, au milieu d’une grande plaine battue par les vents souvent très violents, les éoliennes à proximité en témoignent. Personne ne songerait à construire sa maison ici. Ce camp a servi tour à tour de caserne, de camp d’internement pour les réfugiés espagnols fuyant la dictature franquiste, de camp de transit pour les indésirables au régime de Vichy (en attendant Drancy puis Auschwitz-Birkenau…), de prisonniers après la deuxième guerre mondiale, de harkis jusqu’en 1964. Bien sûr, les conditions de vie étaient terribles. Abandonnés et maltraités, ils ne recevaient que peu d’aide de l’extérieur, hormis d’associations comme la croix rouge suisse. Notre guide Laurent est un pur catalan, professeur d’histoire à l’université et très sensible aux difficultés rencontrés par les divers « habitants » du lieu. La politique transpire dans ses propos, il nous indique par exemple qu’un député était venu se filmer à l’entrée du site expliquant que ce camp d’internement n’était qu’un lieu de propagande du wokisme… Beaucoup de lieux d’histoire sont un terrain de jeu pour les révisionnistes de tout poil, visiterons nous un jour le musée des rapatriés d’Algérie ?

 Malheureusement, l’exposition permanente est en travaux, nous ne pouvons pas la visiter, quelques présentations dans le hall d’accueil nous donne une idée de son originalité.

 Après nous avoir refusé (trop nombreux), le responsable du musée Joseph Puig nous accueille en fin d’après-midi dans son petit local installé au premier étage d’une superbe maison du début du XXème siècle. Joseph Puig était un riche négociant passionné de numismatique. La mort de son jeune et unique fils, aviateur abattu pendant la première guerre mondiale, et la mésentente avec le reste de sa famille, l’a incité à faire don de ses 30 000 monnaies et médailles à la ville de Perpignan. C’est une toute petite partie de cette collection, enrichie depuis, qui nous a été présentée avec humour (ils se servent des sols melgoriens pour caler les portes) par les deux responsables des lieux.

 Malheureusement, ils nous ont interdit de diffuser les photos prises de leurs merveilles.

 Belles émotions pour Isabelle et moi en revenant au centre-ville de Perpignan, la grand-mère d’Isabelle y a vécu et nous allons mesurer au cours de ces trois jours combien il a favorablement évolué. Guidés par Laurent, nous traversons divers marchés, quartiers, y compris le quartier St Jacques, fief historique des gitans, un choc devant les piètres résultats de tant d’années d’efforts. Deux étapes majeures dans ce parcours : l’hôtel de ville aux décors remplis de détails historiques et l’hôtel Pams (fin XIXème), véritable palais construit par la famille Bardou-Pams qui a fait fortune grâce aux papiers JOB. Divers artistes ont œuvré dans ce palais. Nous sommes fascinés par les peintures monumentales de Paul Gervais.

 Le Palais des rois de Majorque est situé en plein cœur de Perpignan, ce superbe palais médiéval a été pendant près d’un siècle (1276-1344) le centre de l’éphémère royaume de Majorque. Jacques 1er (1208-1276), roi d’Aragon, scinda son royaume en deux, laissant en héritage à son fils cadet, Jacques II (1243-1311), le petit royaume de Majorque comprenant les îles Baléares, les comtés du Roussillon et de la Cerdagne et la seigneurie de Montpellier. Souhaitant une demeure dans sa capitale continentale devenue centre économique, politique et culturel de la Méditerranée, Jacques II fit construire ce palais dominant la plaine du Roussillon et dans lequel, la foi, la politique et le militaire s’entremêlent : chapelles superposées, passage secret entre les chambres du roi et de la reine évitant de passer devant les reliques, immense salle de réception, etc. À partir du XVIe siècle, le palais fut entouré d’impressionnantes murailles pour le transformer en citadelle puis en caserne, une grande partie du domaine garde encore cette fonction… Michel Manilève y a fait ses classes.

 Malheureusement, une partie du palais est inaccessible pour cause de tournage. Catherine Deneuve fait partie du casting. Les monuments du cinéma ne se visitent pas.

 Les habitants des monastères et couvents sont très mystérieux. Nos visites au prieuré de Serrabone et à l’abbaye de St Martin du Canigou ne nous ont pas permis de lever ce mystère, comment peut-on en arriver à faire vœu de célibat, chasteté et pauvreté ? Indéniablement, ils ont beaucoup de goût, de talent et de courage. La beauté des sites est peut-être à l’origine de leur foi. Serrabone est accessible par une belle route de montagne et St Martin après une randonnée annoncée de 45 minutes que nous avons faite en 30 afin d’arriver au tout début de la visite guidée.

 Fondé au XIème siècle, le Prieuré de Serrabone est un chef d’œuvre de l’art roman. Son jubé (tribune séparant la nef du chœur) en marbre rose et son cloître offrent des sculptures d’une extrême finesse. Animaux fantastiques et végétaux très bien conservés permettent une lecture symbolique de l’art roman, nous avons apprécié l’érudition salvatrice de notre guide en la matière.

 L'abbaye Saint-Martin-du-Canigou a célébré son millénaire en 2009. Fondée au début du XIe siècle par la volonté et l'action d'une grande famille. Durant huit siècles, des moines bénédictins vécurent en ce lieu. L'abbaye fut abandonnée en 1783, confisquée pendant la Révolution puis rachetée par plusieurs propriétaires. Il fallut attendre Mgr Jules de Carsalade du Pont pour entreprendre la restauration de ce qui ne ressemblait plus qu'à des ruines. « L'évêque du Canigou » lança un appel et le 11 novembre 1902, deux mille personnes montèrent en procession, ce fut le point de départ de la restauration. Pour la petite histoire lorsque la sœur-guide nous demanda « que venaient-ils célébrer ici le 11 novembre 1902 ? », plusieurs personnes ont répondu « l’armistice »… je ne me moque pas, j’ai fait pire en d’autres circonstances ; la bonne réponse était... « La Saint Martin ».

 Un regret. Il est difficile de trouver un musée ouvert ou un guide opérationnel avant 10h, nous devons patienter et de fait n’avoir qu’une seule visite les matins. Je regrette notamment de n’avoir pu visiter la curiosité géologique que constituent les orgues d’Ille sur Tet. Isabel, Philippe, Chantal, Claire et Michel Bonnet ont eu cette possibilité, d’où les photos ci-dessous.

 Le symbole de la France n’est plus un coq avec son clairon mais une marmotte sur son oreiller.

 Ce fut un plaisir d’avoir toutes ces bonnes discussions autour d’un plat d’escargots ou de boles de picolat. Pour revivre ces trois jours, voyez les clichés des artistes : Claire, Isabelle, Michel Manilève et Michel Bonnet. Merci à eux !

            Cordialement, Thierry

   

                                                             Forteresse de Salses

  

 

 

                                                     Camp de Rivesaltes et musée Joseph Puig

 

                                                                    Visites dans Perpignan

 

 

 

 

 

                                                           Palais des rois de Majorque

 

 

 

                                                                    Prieuré de Serrabone

 

 

                                            Abbaye de Saint-Martin du Canigou

 

 

                                           Orgues de l'Ille sur Tet