La Granède, l'Hospitalet du Larzac 8 juin 2025
On a coutume de dire que les interlocuteurs que nous rencontrons lors de nos visites sont intéressants, compétents, motivés, passionnés… ce dimanche 8 juin nous a fait gravir un barreau de plus pour accéder à un niveau que je ne sais comment qualifier. Mr Christophe Saint-Martin sur le site archéologique de la Granède, Mme Galtier dans sa ferme-auberge de la Jassenove ou Messieurs Francis Jeanjean et Xavier Perrier (Association du Patrimoine Archéologique et Historique du Larzac) au musée Frédéric Hermet de l’Hospitalet habitent physiquement ces lieux, ils font corps avec leur pays, leur terre. On ne peut qu’être respectueux, admiratifs de leur implication et les remercier de nous accueillir, qui plus est, bénévolement.
Du point de vue historique, le site de la Granède n’est pas des plus intéressants pour un simple promeneur, si ce n’est qu’il offre des points de vue spectaculaires et la possibilité de situer avec précision la limite entre les climats septentrionaux et méditerranéens, on a coutume de dire que Millau est à Midi moins le quart. Avec Christophe Saint-Martin, les remparts s’animent, cette bâche recouverte de sable, que l’on pourrait prendre pour une œuvre de Christo inachevée, disparait pour laisser s’élever une bien belle église. La perspicacité des équipes d’archéologues nous permet d’imaginer avec moult détails son architecture et les scènes qui s’y déroulaient. Nous avons beaucoup de questions, notamment pour Florence qui s’occupe de la restauration des artéfacts, mais il est midi trente et les odeurs de Roquefort de la Jassenove nous attendent. Dernière surprise, chacun repart avec comme cadeaux… des exemplaires des cahiers d’archéologique aveyronnaise superbement documentés !
C’est la deuxième fois que notre association vient manger à la ferme auberge de Jassenove. Le menu est toujours le même et c’est tant mieux, par contre, après plusieurs décennies à sublimer les produits de sa ferme, Madame Galtier prend sa retraite et n’a pas de repreneurs. Si vous connaissez un jeune cuistot aimant la nature…
Le musée archéologique de l’Hospitalet, ouvert gratuitement tous les après-midis de l’été, en bordure d’une place accueillante, est l’archétype du petit musée où sont concentrés une sélection d’objets remarquables trouvés sur le site de la Vayssière, important village gallo-romain dont l’étude commencée par un prêtre dans les années 20 était tombée dans l’oubli puis relancée dans les années 80 suite aux remontées de vases d’un agriculteur. Ce village, au bord de la voie romaine que nous avons aperçue à la Granède était naturellement une étape et un centre commercial. Après le visionnage d’un film retraçant l’aventure des fouilles, nous avons admiré des outils, armes, parures (bijoux originaires d’Egypte !), monnaies et vaisselles (La Graufesenque est à deux pas).
A l’étage, une remarquable collection de fossiles marins nous rappelle qu’au Jurassique (-200, -140 millions d’années), une mer chaude recouvrait la région.
La pièce la plus exceptionnelle du musée est une double plaque de plomb trouvée dans une sépulture, elle est la plus importante trace d’écriture gauloise, de fait, c’est une copie qui nous est présentée. Dans ce texte partiellement déchiffré, le défunt maudit un groupe de femmes qui, à travers une sorcière, lui aurait jeté un sort… bien naïfs ces gaulois. Naïfs mais pas stupides comme cette touriste qui passant devant le musée sans y entrer a lancé à Francis Jeanjean : « si le musée est gratuit, c’est qu’il n’y a rien à voir. »
Merci beaucoup à Isabelle André et Michel Manilève pour leurs photos ainsi qu’à Jean-Claude Carrière pour ses tuyaux aveyronnais.
Cordialement, Thierry