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Morvan, 29, 30 avril, 1er mai 2017

A cette heure-ci, je devrais être avec Jean-Claude en train de naviguer entre Canne et Nice mais la météo capricieuse a changé notre programme, dommage. Ce matin, le premier titre de France Inter (la mer mauvaise complique le vote des habitants de l’île du Frioul) me console. Je me décide donc à résumer le week-end dernier passé à sillonner Augustodunum.

 Nous étions seize à nous retrouver à l’Hôtel « Les jardins du lac », endroit très calme qui offre une jolie vue sur Autun. L’hôtel est situé à un kilomètre et demi du centre-ville, je pensais que les trajets allaient compliquer les visites, ça n’a pas été le cas, certes, c’était le week-end, mais Autun nous a semblé en sommeil. Nos interlocuteurs et l’ambiance en ville confirmeront cette impression.

 Après le pique-nique, nous retrouvons Elodie devant l’escalier de la mairie pour une visite des monuments gallo-romains (temple de Janus, porte d’Arroux, porte Saint André, théâtre, remparts). Deux heures, c’est trop court, comme souvent, les dernières parties seront survolées. Nous nous rendons dans les locaux de la société d’archéologie pour écouter un exposé sur la façon de se nourrir des gallo-romains. Ce n’était pas gras, très peu sucré, avec une grande proportion de légumes et tout était bio… bref, très moderne. Nous concluons notre passage par une dégustation de dattes fourrées de cerneaux de noix, enrobées dans du miel et du poivre, fantaisie très exotique, réservée aux gens aisés.

 Nous nous rendons chez Benoit Laly, négociant en vins bien connu d’Autun. Le patron n’étant pas là, c’est un jeune employé qui nous reçoit, c’est pour lui une première. Il nous parle avec enthousiasme de cinq vins et nous les fait goûter. Nous ne sommes pas des japonais, nous sommes des Volques venant du Languedoc où les vins ont un rapport qualité/prix imbattable, nous les trouvons bons, sans plus. Les fautes d’orthographe du diaporama nous choquent plus que les arômes.

 Le lendemain matin, rendez-vous au musée Rolin avec Jean-Paul. Celui-ci va merveilleusement orchestrer notre visite. Chaque pièce protège ses chefs d’œuvre, le discours de Jean-Paul est millimétré, il sait nous dire l’essentiel, nous laisser le temps d’apprécier, répondre précisément aux questions et nous pousser vers la suite. Nous ne pourrons pas voir le dernier étage car grâce à Jean-Michel, Florian Martin, professeur d’histoire au lycée Bonaparte et membre de la Société des Eduens, nous attend à 11h30 pour nous parler de Jacques-Gabriel Bulliot, le négociant-archéologue local à l’origine de la découverte de Bibracte, de la création du musée Rolin et de notre voyage ! Florian Martin nous emmène à deux pas du musée dans l’ancien Palais de Justice où il a disposé deux cartons d’archives. Le contraste est grand entre l’extérieur du bâtiment très dix-neuvième et l’intérieur organisé selon les besoins et le style des années soixante-dix. Les murs de la grande salle d’audience ne sont pas habitués à entendre un historien parler avec passion de cette société des Eduens à qui se posent bien des questions. Que faire de leur fonds ? le numériser, le transmettre aux archives, l’exposer… Nous n’étions pas là pour condamner quelqu’un, bien au contraire, nous étions là pour louer Jacques-Gabriel Bulliot, un homme au parcours fascinant. Pour remercier Florian Martin de nous avoir consacré son dimanche matin et parce que nous avions envie d’en savoir un peu plus sur le Morvan, nous l’avons invité à déjeuner au restaurant de la Fontaine au pied de la cathédrale.

 14h30, Jean-Paul nous attend devant la fontaine, après une brève présentation, nous pénétrons dans la cathédrale. Il nous fait découvrir les innombrables messages cachés dans les détails des façades, vitraux, chapiteaux, tableaux… il sait (presque) tout. Contrairement à ce qu’affirment certains psychologues, on peut rester attentif plus de deux heures. La visite terminée, nous décidons de rejoindre à vingt kilomètres d’Autun le château médiéval de Couches (Château de Marguerite de Bourgogne).

 Ce château privé est théoriquement fermé à cette heure-ci, la responsable accepte de nous le faire visiter. En 2009, Olivier Poelaert, un industriel de l’informatique l’a offert à sa femme Patricia. Depuis, ils le restaurent (une partie du château est couverte par des bâches) et le développent. Notre guide est une princesse en habit médiéval, ses commentaires sont moins pertinents que ceux des guides précédents et l’on nous présente beaucoup de copies. L’ensemble architectural est superbe et je ressors impressionné notamment par les parties souterraines (stockage de vins, de nourriture, tunnels sophistiqués…), pour l’ambiance, j’aurais bien aimé les traverser avec un éclairage d’époque (équipé d’un casque).

Nous filons DIRECTEMENT à Autun pour dîner au Commerce, une sympathique brasserie.

 Le lundi matin, nous allons enfin à Bibracte. Les abords du Mont Beuvray sont splendides, la campagne puis les forêts nous dépaysent d’autant plus que le temps est franchement hivernal (6°C à notre arrivée). Compte-tenu du planning et de la météo, nous n’avons pas le choix, la visite du site se fera en voiture. Nous retrouvons avec plaisir Elodie qui nous éclaire sur les différentes parties où nous nous arrêtons, cet oppidum abandonné, donc sauvé, donnera du travail archéologique pour plusieurs siècles. Que d’émotions en pensant aux chefs gaulois élisant leur chef, à Jules César ramenant Vercingétorix (son moral devait être bien bas en constatant que les Eduens avaient retourné leurs vestes, pardon, leurs saies), à Jacques-Gabriel Bulliot descendant vers Autun après avoir chargé sa calèche de ses découvertes ; Bibracte est vraiment un haut lieu de l’histoire, quel dommage que ni les hommes politiques ni Astérix n’en parlent. La vue au sommet est somptueuse, Danielle et Jean-Michel peuvent enfin l’apprécier, Jean-Michel nous rappelle la signification des symboles religieux voulus par Bulliot.

 Nous redescendons pour une présentation du musée et un repas gaulois (pas de sanglier, ce n’est pas la saison) arrosé de cervoise fraiche. Après le repas, nous apprécions plus calmement ce musée à la scénographie moderne et efficace.

 Nous rentrons chez nous par des chemins différents mais avec en tête les mêmes questions, les mêmes images : Pierre Jannin, un saint homme qui eut la bonne idée d’obéir lentement à Charles IX lorsqu’il il était en colère ; le cardinal Rolin au physique difficile ; Jacques-Gabriel Bulliot, honnête homme dont la générosité et la ténacité n’avaient d’égal que la foi ; les Eduens, peuple charmant mais parfois difficile à comprendre, pourquoi ont-ils trahi Vercingétorix ?, pourquoi ont-ils choisi le roi d’Angleterre ?, pourquoi ont-ils refusé l’arrivée du TGV ?

 Merci à tous pour ce plaisir à partager des pans de notre patrimoine. Ce qui rend nos visites intéressantes, c’est qu’elles contiennent, souvent et heureusement, une part de frustration positive. J’aime lorsque les guides avouent leur ignorance, au jeu des hypothèses, les membres du groupe sont alors redoutables… Restez curieux, personnellement, je vais me mettre à la recherche d’un grand scientifique oublié : Boucher de Perthes.

Je suis très heureux de ne plus devoir dire « Bibracte ? connais pas. ».  

Voici quelques clichés d’Eliane et moi.           Cordialement, Thierry       le 7/5/2017

 1) Augustudunum

 

 

 

 2) Musée Rolin et palais de Justice

 

 

 

 

 

 3) Cathédrale

 

 

 4) Château de Couches

 

 

 5) Mont Beuvray, Bibracte