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Bienvenue

Ardèche, 19 et 20 novembre 2016

 Nous avons commencé notre périple par Cruas. Bien connue pour sa centrale nucléaire, Cruas possède aussi l’Abbatiale Sainte-Marie, magnifique édifice roman situé en contrebas d’un cours d’eau qui lui a valu bien des aventures. David, notre guide au discours riche et précis nous a fait apprécier l’incroyable tribune monastique découverte récemment (il n’y en a que deux en France), la sublime crypte ainsi que les nombreuses voutes et chapiteaux aux décorations subtiles. David nous a ensuite guidé à travers les ruelles médiévales vers l’abbatiale fortifiée au sommet de la colline. Nous avons souhaité à David bonne chance pour tous les projets que la municipalité de Cruas a lancés afin de valoriser cet ensemble architectural méconnu.

 Pique-nique au chevet de l’abbatiale, plaisir de partager salades, fougasse, tartes et bon vin.

 En arrivant à Alba « la Romaine », nous devinons par la silhouette massive d’un grand château que nous abordons un lieu à l’histoire mouvementée. Nous nous contenterons du MuséAl où sont mis en valeur les découvertes faites juste à côté dans la cité gallo-romaine particulièrement dynamique entre le 1er et le 2ème siècle (forum, aqueduc, théâtre, curie, temple…!). La visite commence par la belle mosaïque aux poissons issue d’une villa, puis, nous pénétrons dans une salle pour y découvrir une grande quantité d’objets du quotidien. La guide qui est aussi archéologue est particulièrement fière d’évoquer la boutique du verrier découverte à Alba, c’est rarissime dans le monde romain et unique en France. Nous terminons par l’exposition temporaire consacré au nu masculin avec comme chef d’œuvre central, une statue en marbre qui n’est pas sans rappeler David (pas le guide de ce matin, celui de Florence). Il manque à cette statue la tête et les membres qui ont été cherchés sans grand espoir car la statue se trouvait à proximité d’un four à chaux. Enorme frustration, nous n’avons pas le temps de visiter le site à proximité, il est en accès libre, nous repasserons bien un jour.

 J’arrive à la Caverne du Pont d’Arc anxieux, nous sommes en retard, Sandrine et Gérard ont réussi à calmer le caissier : il faut arriver une demi-heure avant la visite ! Or, nous arrivons à 16h45 pour une visite programmée à 16h50, un mois avant noël, je me fais enguirlander… ils ont la grosse tête à la Caverne.

 Ce détail oublié, nous entrons avec notre jeune guide dans ce lieu incroyable où les technologies les plus récentes vont nous permettre de faire un voyage dans le temps de 36 000 ans pour y découvrir ce qui constitue à ce jour les œuvres d’art les plus anciennes du continent européen. Bien sûr, je craignais d’être déçu par cette reconstitution, que nenni, l’ambiance est bien celle d’une grotte, peut-être qu’un spéléologue averti y verrait des aberrations, mais moi, je suis aux anges, je flotte littéralement. Par quel hasard, les hommes préhistoriques ont-ils conçu cette exposition avec ce sens de la mise en scène aussi abouti ? Il y a dans leurs démonstrations, un crescendo qui nous fascine. Les questions fusent devant ces œuvres aux mises en scène modernes, inventives, cinématographiques, énigmatiques. Au bout de deux heures, nous ressortons sonnés avec quelques réponses mais avec bien sûr encore plus de questions. J’ai adoré ce rapprochement avec nos ancêtres qui n'étaient pas encore gaulois, je pense qu’ils étaient là, visite mémorable.

 Installation à l’hôtel « Le Clos Charmant » à Vallon Pont d’Arc. L’apéro du samedi soir et un repas animé complèteront cette journée. Nos regards maintenant affutés verront dans les crépis, les pierres apparentes ou les carrelages, des rhinocéros, des ours ou des poissons, c’est ce que Gérard appelle l’art déchois.

 En Ardèche, les vedettes, ce sont l’eau et le calcaire, sans eux, pas de grottes, pas de gorges, pas de bois de Païolive. Après un bon petit-déjeuner, la météo est pessimiste, nous jamais, nous quittons Vallon Pont d’Arc pour le bois de Païolive qui est à l’Ardèche ce que la forêt de Brocéliande est à la Bretagne. Ces satanés GPS ne permettent pas encore de nous téléporter, pour gagner du temps, il nous faut donc choisir entre toutes les randonnées possibles. Ce sera « Le circuit de la Vierge ».

 Le bois de Païolive est selon les saisons, un paradis pour les géologues, les botanistes, les reptilophiles, les mycophiles, les poètes. L’eau a creusé dans cet épais plateau calcaire semi-tendre ou semi-dur (à vous de choisir) des failles, des arcs, des labyrinthes, bref, un lieu féérique. L’imagination s’emballe, Jean Cocteau aurait pu y tourner La Belle et la Bête, pour nous, un autre conteur surgit d’entre les rochers. Jean-Michel, le conteur bleu, fit revenir en ces lieux des pionniers de l’archéologie du XIXème siècle. Notamment Jules Ollier de Marichard, géologue, archéologue, spéléologue et artiste. Il arpenta entre autres, le bois de Païolive et fut un des découvreurs du Mammouth de Durfort, pièce maîtresse du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris. Un musée aux Vans est censé rendre compte de ces remarquables aventures, l’office du tourisme ne m’en a nullement parlé, il était peut-être fermé, comme beaucoup de sites en cette période redoutée des touristes.

 Deux ou trois rayons de soleil percent enfin. Nous reprenons la route en direction de Saint Martin d’Ardèche. Les arrêts au Pont d’Arc et au belvédère du Serre de Tourre s’imposent. Quelle beauté, l’Ardèche m’impressionne autant que le Colorado.

 Repas sympathique au restaurant « L’Echiquier », c’est bon un castagnou avec vue sur l’Ardèche.

 L’après-midi, sur proposition d’Eliane et de Jean-Louis qui connaissent le coin, nous entamons une balade dans Aiguèze, classé « plus beau village de France ». Chaque village médiéval a sa propre échelle et sa propre ambiance. A Aiguèze, le maître d’oeuvre c’est l’Ardèche, le village a été construit le long des gorges, le château est en équilibre au bord de la falaise. En regardant vers l’est, au bout des rues, des allées du cimetière, on sent le vide, on a le vertige et on imagine les drames et les bonheurs qui ont pu se jouer autour de la place centrale où mairie, église, fontaine, café et belles façades en parlent encore sans se soucier du temps qui passe.

 Merci à tous les participants pour leur envie de partager nos découvertes et leurs connaissances de l’aventure humaine, quel dommage que Béatrix et Claude n’aient pas pu venir.

 Voici mes clichés aux couleurs parfois douteuses, ceux de la Caverne m’ont été fournis par Eliane. Si vous allez sur Facebook, vous pourrez y admirer les nombreuses photos postées par Eliane et Michel.

        J’espère que vos genoux ont bien récupéré, au plaisir de vous retrouver. Thierry