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Nîmes, le 18 novembre 2018

 Jusqu’à présent, Nîmes était pour moi synonyme de finale du trophée des As, de sandwich épicé pendant la Féria ou bien d’émotions inoubliables dans le mythique stade Jean Bouin.

 J’étais donc très heureux de retrouver le groupe d’amis au pied des arènes en ce matin dominical frais mais très ensoleillé pour une journée de découvertes. La ville faisait la grasse matinée, tant mieux, les conditions étaient ainsi idéales pour apprécier la voix claire et le discours ciselé de notre guide Isabelle Rocle.

 Nous avons commencé par les arènes. Merveille architecturale à la construction très complexe. Isabelle Rocle mixe grandes et petites histoires, les arènes ont été tour à tour, un lieu de spectacles (gratuits), un quartier résidentiel (jusqu’à 200 habitations), une carrière sauvage puis à nouveau un lieu de spectacles (payants). Nous balayons 2 000 ans d’évènements. Au milieu et autour de cette ellipse s’est concentrée l’histoire de l’Humanité, magnifique par son génie et sa beauté et complexe par sa violence et ses inégalités. Isabelle Rocle en profite pour démêler le vrai du faux, non, il n’y a pas eu de lions à Nîmes et les gladiateurs n’avaient pas une vie aussi dramatique que ce que « le folklore » a bien voulu nous faire croire. Nous grimpons jusqu’au dernier étage pour nous rendre compte de la visibilité parfaite dont jouissait tous les spectateurs, évidemment en un tel lieu, nos imaginations galopent.

 Cet édifice n’a pas livré tous ses secrets, une campagne de fouilles prévoit d’étudier l’invisible, le réseau de tunnels sous la piste.

 La Maison Carrée doit son état exceptionnel (elle est le monument romain le mieux conservé du Monde) à son occupation permanente (lieu de culte, politique, administratif, artistique…). Notre guide nous fait revivre le forum. Ce cœur de ville, splendide et bien organisé nous aide à comprendre l’intelligence des politiques romains qui ont fusionné leur civilisation avec celle des gaulois en un temps record. Les monuments romains de Nîmes respirent la Pax Romana de l’empereur Auguste, même l’imposant rempart semble lui aussi n’avoir été construit que pour le prestige.

 Nous terminons la matinée aux Jardins de la Fontaine. Ce lieu est le point de départ de l’occupation humaine, on le comprend facilement au pied de la colline en admirant la source qui semble toujours couler abondamment.

 Les humains ont depuis le néolithique exploité cette eau. Heureusement, les différents travaux (industriels ou esthétiques) n’ont jamais détruit ou oublié les aménagements antiques. Au contraire, ils ont permis de découvrir et de valoriser de grandes quantités de vestiges, je pense notamment à l’un des théâtres situé non loin de là. C’est en admirant la source que nous avons eu le plaisir de voir surgir Danielle et Jean-Michel en porteurs de breuvages que n’auraient pas détesté les romains. Les bancs de pierre ensoleillés serviront de comptoirs pour notre pique-nique. Une rapide escalade à la Tour Magne (pas encore ouverte…) nous permet d’apprécier la belle ambiance de ce jardin, un des plus vieux de France et la vue sur le boulevard Jean Jaurès dont l’aménagement des parkings livrera moult merveilles exposées au musée de la Romanité.

 Nous voici dans ce musée dont nous comprenons dès la première halte que le nom de Romanité est discutable. L’architecture ne laisse pas indifférent, Elizabeth de Porczamparc a notamment réussi une façade discrète qui rappelle les mosaïques et les tissus, à l’intérieur, ambiance très zen, par contre, Isabelle Rocle évoque de nombreuses malfaçons, des endroits salis trop rapidement ainsi que l’excès de nouvelles technologies (voix off imposées…), sans parler du plan fourni à l’entrée qui nous donne l’impression d’être dans un escape game… enfin, des réactions bien françaises sans trop d’importance. Outre la myriade d’histoires que l’on nous conte, ce que j’aime dans un tel musée, c’est le va et vient dimensionnel que nous devons faire d’une salle à l’autre, on admire tour à tour un mini phallus destiné à porter bonheur à un petit enfant puis un chapiteau corinthien qui coiffait une imposante colonne. Nous regrettons de ne pouvoir nous attarder devant chaque chef d’œuvre, les maquettes (contemporaines en plastique et en liège du XIXème) sont fascinantes, elles méritent à elles seules une visite.

 Nous nous séparons après un dernier cliché crépusculaire sur le toit végétalisé du musée, sous ce nouvel angle, les arènes y sont toujours aussi belles. Il nous reste beaucoup à voir à Nîmes, des lieux connus (porte d’Auguste, réseau d’eau, arrivée de l’aqueduc, les guerres de religion…) et des lieux à découvrir, les archéologues, on compte sur vous !

 La sortie de Nîmes sera compliquée par les barrages des gilets jaunes hurlant leur exaspération des taxes. Je ne peux m’empêcher de penser aux réflexions de Jean-Claude quant à la chute de l’Empire Romain. Certes, les dangereux barbares migrants y sont pour quelque chose mais leur opportunisme fut bien servi par les difficultés de Rome à percevoir l’impôt, à endiguer la corruption et à relancer l’économie. A vos comparaisons.

 Voici quelques clichés pris avec mon nouvel appareil (l’ancien n’ayant pas aimé les bains de mer) ainsi que quelque uns pris à Michel M. Je vous recommande vivement les documents vidéo placés sur Facebook Archéologie Histoire Lunel Mauguio par Michel M.

 Bonnes fêtes de fin d’année, au plaisir de vous retrouver à l’AG de janvier.  Thierry